Le Canada est une puissance mondiale dans l’industrie automobile, mais il n’a jamais produit de marque automobile reconnue à l’échelle nationale comme les États-Unis, l’Allemagne ou même la Suède, qui a une population plus petite. Malgré une base industrielle solide et une expertise en fabrication automobile, le Canada est resté un acteur clé dans l’assemblage de véhicules de marques étrangères plutôt que de créer les siens. Pourquoi cela a-t-il été le cas et l’avenir des véhicules électriques pourrait-il changer ce récit ?

Influence américaine et intégration économique

L’une des principales raisons pour lesquelles le Canada n’a jamais développé de marque automobile nationale est ses liens économiques étroits avec les États-Unis. Le Pacte de l’automobile Canada-États-Unis de 1965 a intégré la fabrication automobile canadienne dans le marché nord-américain plus large, rendant plus viable financièrement l’assemblage de véhicules pour les constructeurs automobiles américains que d’investir dans une marque entièrement nouvelle. Aujourd’hui, des entreprises comme Ford, General Motors, Stellantis, Toyota et Honda fabriquent toutes des voitures au Canada, mais ce ne sont pas des marques canadiennes.

Contrairement à la Suède, qui a développé Volvo et Saab en réponse à ses conditions géographiques et économiques, le Canada a toujours eu un accès facile aux véhicules construits aux États-Unis. Cela a réduit la demande et la nécessité d’un constructeur automobile national.

Population et taille du marché

Les entreprises automobiles ont besoin d’un marché intérieur substantiel pour prospérer. La Suède, malgré une population plus petite (environ 10 millions), a développé avec succès Volvo et Saab grâce à un fort soutien gouvernemental et à une concentration sur la sécurité et la durabilité pour les conditions nordiques. Le Canada, avec environ 40 millions d’habitants, est toujours considéré comme un petit marché par rapport aux États-Unis (environ 330 millions), au Japon (environ 125 millions) et à la Chine (environ 1,4 milliard). Pour qu’un constructeur automobile canadien réussisse, il aurait besoin d’un potentiel d’exportation massif, ce que les marques nord-américaines existantes dominent déjà.

Le rôle de Bombardier : pourquoi pas de voitures ?

Le Canada abrite Bombardier, une entreprise connue pour la production de motoneiges, de trains et d’avions. Cependant, elle ne s’est jamais étendue aux automobiles. Une des raisons est la spécialisation : Bombardier a trouvé le succès dans des marchés de niche où elle faisait face à peu de concurrence. L’industrie automobile, en revanche, est très compétitive et exigeante en capital, nécessitant des milliards en recherche, développement et installations de production. Au lieu de concurrencer les constructeurs automobiles établis, Bombardier s’est concentrée sur des secteurs où elle pouvait innover sans être éclipsée.

Le Canada pourrait-il produire une voiture électrique ?

Avec l’essor des véhicules électriques (VE), le Canada pourrait avoir l’opportunité de développer une marque automobile nationale. Des provinces comme le Québec et l’Ontario produisent de vastes quantités d’électricité propre, en particulier de l’énergie hydroélectrique, qui pourrait être exploitée pour la production de VE.

Pourquoi le Canada est bien positionné pour les VE :

  • Énergie propre abondante – Le Québec produit à lui seul près de 95 % de son électricité à partir de l’énergie hydroélectrique.
  • Infrastructure automobile solide – L’Ontario fabrique déjà des VE pour Ford, GM et Stellantis.
  • Demande croissante de véhicules verts – Le gouvernement canadien a fixé des objectifs ambitieux pour l’adoption des VE, rendant une marque locale plus viable.

Défis pour une marque de VE canadienne :

  • Coûts d’investissement – Le développement d’une marque automobile nécessite des milliards en R&D, marketing et infrastructure.
  • Concurrence – Tesla, BYD, Rivian et les constructeurs automobiles traditionnels dominent déjà le marché des VE.
  • Barrières à l’exportation – Pour réussir, une marque automobile canadienne devrait être compétitive à l’échelle mondiale.

Cependant, des initiatives comme le Projet Arrow, un prototype de VE entièrement fabriqué au Canada, montrent que le rêve d’une marque automobile canadienne n’est pas totalement hors de portée.

Constructeurs automobiles mondiaux par pays (exemples) :

  • Allemagne : Volkswagen, BMW, Mercedes-Benz, Audi, Porsche
  • Japon : Toyota, Honda, Nissan, Mazda, Subaru
  • Corée du Sud : Hyundai, Kia
  • États-Unis : Ford, General Motors (GM), Tesla
  • Italie : Ferrari, Lamborghini, Fiat, Alfa Romeo
  • France : Renault, Peugeot, Citroën
  • Suède : Volvo, Koenigsegg
  • Royaume-Uni : Jaguar, Land Rover, Aston Martin, Mini, Rolls-Royce
  • Chine : BYD, Geely, NIO, XPeng
  • Inde : Tata Motors, Mahindra
  • République tchèque : Skoda.

Conclusion

Bien que le Canada n’ait jamais produit de marque automobile nationale, son industrie automobile reste vitale pour la chaîne d’approvisionnement mondiale. La combinaison de l’influence américaine, de l’intégration économique et d’une concentration sur l’assemblage de marques étrangères plutôt que sur la création d’une entreprise nationale a façonné son paysage automobile. Cependant, avec l’essor des véhicules électriques et les riches ressources énergétiques du Canada, la possibilité d’une marque de VE canadienne est plus réaliste que jamais. Si le soutien gouvernemental et l’investissement privé s’alignent, la prochaine décennie pourrait voir le Canada enfin entrer sous les projecteurs en tant que nation productrice de voitures.